mardi 8 mars 2016

Souvenir I : Portrait de femme, une collègue coquine

En songeant ce matin à l'écriture du second volume des mémoires d'un fétichiste, je me suis souvenu d'une ancienne collègue. Cela remontait au milieu des années mille neuf cent quatre vingt.

Je revois une petite brune, plutôt mignonne, l'oeil charbonneux et rieur.  Je me souviens de sa voix, ses intonations toutes parisiennes, un peu moqueuses. Certains auraient été jusqu'à dire, qu'elle n'avait pas la langue dans sa poche. 

Le service était constitué principalement d'hommes, la parité on en parlait déjà mais on l'appliquait encore moins qu'aujourd'hui. Alors se retrouver l'unique femme de ce bureau demandait beaucoup de courage et pas mal de caractère. Je l'avais un peu choisi pour ça. Je détestais le côté chambrée de bons copains qui sent un peu la sueur et les mauvaises blagues en dessous de la ceinture. Ce service était rempli de jeunes maquettistes dans la force de l'âge,  riches en humour gras. 

Ma jeune graphiste, au caractère bien trempé, ne se laissait ni marcher sur les pieds ni ne tolérait un manque de respect. Et pour montrer qu'elle ne sombrerait pas dans la chaude ambiance de tanière qui régnait, se faisait un point d'honneur à être toujours très bien habillée et agréablement parfumée.

Elle était plutôt jolie et très coquette de sa personne. Elle arborait ainsi, fièrement des talons vertigineux à n'importe quelle saison, et ne jurait que par les jupes crayons. Ce qui lui allaient fort bien. 

Un jour,  incidemment je crus remarquer qu'elle portait des bas, de vrais bas. À l'époque les bas auto fixant n'étaient pas si élaborés qu'aujourd'hui. Pas pratiques, jarretières peu fiables et d'un inconfort total, ils n'étaient guère à la mode. On ne trouvait que des vrais bas, pour mon plus grand plaisir, je l'avoue. 

Ma chère collègue portait pour l'occasion, des bas noirs, des bas en mousse. En ces temps reculés, c'est ce qui se faisait beaucoup, nous étions dans les années 80. Les bas n'avaient pas regagné leurs lettres de noblesse, le nylon n'était plus roi, bien au contraire.  Les bas luttaient difficilement contre la vague des collants, essayant vainement de rivaliser avec des matières dites pratiques, peu agréable à regarder et encore moins à caresser. Il fallait aux bas regagner une crédibilité et s'affranchir de cette image sulfureuse et vieillotte qui leur collait au nylon depuis les années soixante. 

Comme chaque matin, ma collègue franchit la porte de mon bureau pour me faire part de ses doléances quotidiennes,  mon oeil aguerri, s'égara et ne manqua pas de percevoir les délicieux renflements que ses jarretelles dessinaient à travers le tissu ajusté de sa jupe. Naturellement je me gardais bien de faire une quelconque réflexion ou de permettre un regard égrillard. Néanmoins la jolie coquine, ne manqua pas de percevoir mon trouble et s'assit sur le bord de mon bureau, s'octroyant par la même occasion une pause cigarette*. Se sentant en terrain plus que conquis, elle croisa les jambes en les étirant, je ne pus qu'admirer ses jolies mollets parfaitement galbés et ses délicates chevilles. La coquine ne s'arrêta pas en si bon chemin et souleva sa jupe, prétextant d'ajuster ses jarretelles qui ne manquaient pas de provoquer des plis disgracieux sur ses bas, se crut-elle obligée de m'expliquer. Elle m'offrit ainsi un magnifique spectacle du revers de ses bas impeccablement tirés par de fines jarretelles et ce troublant et délicieux contraste avec la blancheur de sa peau.  

Sa fraicheur et sa gouaille me permirent de garder bonne figure, elle rabattit sa jupe, se leva et quitta mon bureau avec beaucoup de naturel, et nous en restâmes là. 


* A l'époque la cigarette était autorisée sur le lieu de travail
















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